Quelques lieux

L‘étude des noms de lieu permet souvent de faire le lien entre la langue, l’histoire et le mode de vie de nos ancêtres et retrouver peut-être un peu de ce qui a disparu…

Lou souliè : le mot est apparenté à souléou (soleil). Un souliè, c’est un endroit ensoleillé, mais dans une maison, le mot désigne parfois un étage (ensoleillé), souvent le dernier et par conséquent assez souvent un galetas. Beaucoup de noms de villes ou villages ont la même origine : Solliès dans le Var, Solaro en Corse…

Lou Cougn : (la partie en pointe entre le vallon de la Lapière et le Cians : Un cougn, c’est un coin, soit le lieu, soit le morceau de bois ou de fer (cougnet). Mais le mot désigne souvent en même temps que la forme, le lieu ou le vent amasse la neige, c’est alors ce qu’on appelle en français une congère (cougnèro).

Chalandres : en descendant vers le vallon des Eguilles, en partant des Launes : Le challendro, c’est l’alouette. Y en avait-il beaucoup à cet endroit ?

Prat Bata(l)ié, près des Chalandres : littéralement c’est un champ de bataille, après la bataille, donc avec des cadavres. L’expression désigne donc souvent le lieu où l’on jetait les bêtes mortes.

Lous Assaliès, au dessus du vallon des Eguilles : probablement le lieu où l’on donnait le sel (la sal) au bétail, notamment aux moutons. La plupart du temps, on le mettait en plusieurs endroits sur de grosses pierres. Contrairement à ce qu’on peut penser, il y a peu de chances que le nom désigne des escaliers formés par l’érosion de la roche rouge. Un escalier se dit escaliè, mot relativement récent et la modification parait peu probable.

Lou Sap, lou Sapet : bois de sapins. On notera ici que la racine sap désigne dans d’autres langues la résine, le suc et en anglais moderne la sève.

Lou Méle, lou Mélé : deux bois de mélèzes.

Quelques arbres et arbustes…

La serinto : Tout le monde sait que le mélèze (lou mélé) est le seul conifère à perdre ses aiguilles à l’automne et surtout à ne les remplacer qu’au printemps. C’est pourquoi les flancs des montagnes beuilloises sont revêtus à l’automne d’un manteau doré parsemé de tâches vert émeraude des sapins et épicéas. Ces épicéas, on les appelle « serintos ».

L’amelanquié : L’amélanchier en français, est un petit arbuste aux longues tiges assez rectilignes, aux feuilles ovales, en forme d‘amande. D’où son nom, de même que les amygdales, qui elles aussi ont la forme d’une amande ! Les fleurs de l’amélanquié ont cinq pétales très blancs, plus longs que larges. Les tiges fleuries sont très décoratves au printemps. Le fruit ‘l’amélanqué) de petite taille est rond et noir. Quand il est bien mûr en septembre, il est sucré et très agréable.

L’afatoulié : C’est un prunier sauvage, que l’on trouve en grand nombre au bord des prés ou sur les « ribes ». Il donne les « afatous » (on dit un afatou), prunes jaunes très tentantes mais malheureusement acides quand elles sont vertes, farineuses et surtout véreuses quand elles sont mûres ! Bien meilleures sont les petites prunes rouges, à chair jaune, que l’on trouve encore dans quelques jardins (lous ouorts) de Beuil.

L’avelanié : C’est le noisetier. Les fruits sont lous avelanos. Les écureuils se chargent de la cueillette.

L’acumanié : C’est le nom beuillois du framboisier. Les fruits sont lous acumans. ; Ailleurs dans le midi, les framboises s’appellent aussi cabrolo ou chabrolo. Là, ce sont les chèvres qui apparemment se chargent de la cueillette !

L’agrémoulié : C’est une sorte de groseillier à maquereau sauvage. C’est un petit buisson épineux (le mot agreù désigne en général un arbuste épineux, ici le houx, là le prunellier…) aux feuilles dentelées semblables, en plus petit, à celles du groseillier. Les fruits sont lous agremous, verdâtres, veinés, velus. Ils n’excèdent pas un centimètre de diamètre. Quand ils sont bien mûrs, contrairement aux groseilles, ils ne sont pas acides mais sucrés.