Riche d’un passé glorieux marqué par des personnages célèbres, le village au pied du Mont Mounier est fier de ses origines et de son histoire. Elles ont forgé ses traditions qui trouvent aujourd’hui un large écho auprès de sa population.

Dès le IX ème siècle, les archives font état d’un personnage célèbre, natif de Beuil. Il s’agit de Saint Elrade, fondateur d’un hospice et abbé de Novalesa dont l’église paroissiale possède toujours un reliquaire.

 

 

L’ère des Grimaldi
Après s’être libérés en 1258 de Guillaume Rostaing, seigneur despotique, les Beuillois font appel à un Grimaldi dont la famille est influente auprès du Duc de Savoie et du Roi de France. Barons, puis Comtes de Beuil, les Grimaldi règneront pendant deux siècles. Un conflit avec le Duc de Savoie sera fatal à Annibal Grimaldi, dernier comte de Beuil et le château de Beuil, adossé en haut de la colline du Pré de Foire sera malheureusement rasé en 1633.
Deux siècles plus tard, les armées napoléoniennes annexent la région à la France. A Turin, le Comte
 Mattéi renonce à ses droits sur Beuil et vend ses biens aux villageois. 

 

 

 

Beaucoup plus tard… Au début du XIXème siècle, Joseph Garnier, directeur de l’école de commerce de Nice et journaliste devint membre de l’Académie des Sciences Morales, avant d’être élu député en 1871, puis Sénateur des Alpes Maritimes en 1876. Il fut notamment l’initiateur de la route du Cians.
Pendant la seconde guerre mondiale, des beuillois se sont illustrés. Héros de la résistance, le Lieutenant-colonel Marcel Pourchier, créateur de l’école de haute montagne sera fusillé en 1944. Le Commandant Albert Pourchier connaîtra le même destin tragique.

D’autres personnalités, non beuilloises, ont également marqué l’histoire du village .

 

 

C’est le cas de M. Bischoffsheim, scientifique, député des Alpes Maritimes et créateur de l’observatoire de Nice, qui fit construire un observatoire sur le Mont Mounier en 1893.
Parmi les autres scientifiques célèbres, citons également le Capitaine Louis Ferber. Ce polytechnicien construisit un biplan dont les premiers essais se sont déroulés à Beuil en 1902.

 

Avec le Chevalier Victor de Cessole

C’est sans doute l’un des personnages qui aura le plus fortement marqué la vie beuilloise.
Le Chevalier Victor Spitalieri de Cessole a étudié et photographié les Alpes. En août 1892, il escalade le point culminant de Beuil, le Mont Mounier. Séduit par ce site, il écrit une brochure sur la beauté de ce dernier. Il revient à Beuil en compagnie de Chasseurs Alpins pour y étudier les possibilités qu’offre ce territoire dans le domaine de la neige et y prépare le premier concours de ski .

 

Contes et légende

La légende de la cloche d’or

Vieille légende que celle de la cloche d’or sur laquelle serait gravé l’emplacement du trésor des Templiers, cloche qui se trouverait sous l’un des nombreux clapiers de Beuil. Pour la trouver, il faut chercher et beaucoup travailler. Or, une grande pierre qui sert de trumeau à une maison dans une rue porte de bizarres inscriptions donnant lieu à bien d’interprétations, dont celle indiquant qu’il s’agirait de l’indication de l’emplacement cryptographique d’un … trésor des Templiers.
Enfin, l’’étrange… dans les années 80, deux sourciers ont creusé un profond trou là où se trouvait le château de Grimaldi. L’on dit que l’un a été retrouvé mort, l’autre a disparu…

La légende du souterrain

On prétend qu’au temps des comtés, il reliait le château à… Villars, en passant sous le Giarons !
C’est probablement exagéré mais il faut reconnaître que des traces ont été découvertes dans des maisons de village et sur le flanc est de la colline.

Quelques lieux

L‘étude des noms de lieu permet souvent de faire le lien entre la langue, l’histoire et le mode de vie de nos ancêtres et retrouver peut-être un peu de ce qui a disparu…

Lou souliè : le mot est apparenté à souléou (soleil). Un souliè, c’est un endroit ensoleillé, mais dans une maison, le mot désigne parfois un étage (ensoleillé), souvent le dernier et par conséquent assez souvent un galetas. Beaucoup de noms de villes ou villages ont la même origine : Solliès dans le Var, Solaro en Corse…

Lou Cougn : (la partie en pointe entre le vallon de la Lapière et le Cians : Un cougn, c’est un coin, soit le lieu, soit le morceau de bois ou de fer (cougnet). Mais le mot désigne souvent en même temps que la forme, le lieu ou le vent amasse la neige, c’est alors ce qu’on appelle en français une congère (cougnèro).

Chalandres : en descendant vers le vallon des Eguilles, en partant des Launes : Le challendro, c’est l’alouette. Y en avait-il beaucoup à cet endroit ?

Prat Bata(l)ié, près des Chalandres : littéralement c’est un champ de bataille, après la bataille, donc avec des cadavres. L’expression désigne donc souvent le lieu où l’on jetait les bêtes mortes.

Lous Assaliès, au dessus du vallon des Eguilles : probablement le lieu où l’on donnait le sel (la sal) au bétail, notamment aux moutons. La plupart du temps, on le mettait en plusieurs endroits sur de grosses pierres. Contrairement à ce qu’on peut penser, il y a peu de chances que le nom désigne des escaliers formés par l’érosion de la roche rouge. Un escalier se dit escaliè, mot relativement récent et la modification parait peu probable.

Lou Sap, lou Sapet : bois de sapins. On notera ici que la racine sap désigne dans d’autres langues la résine, le suc et en anglais moderne la sève.

Lou Méle, lou Mélé : deux bois de mélèzes.

Quelques arbres et arbustes…

La serinto : Tout le monde sait que le mélèze (lou mélé) est le seul conifère à perdre ses aiguilles à l’automne et surtout à ne les remplacer qu’au printemps. C’est pourquoi les flancs des montagnes beuilloises sont revêtus à l’automne d’un manteau doré parsemé de tâches vert émeraude des sapins et épicéas. Ces épicéas, on les appelle « serintos ».

L’amelanquié : L’amélanchier en français, est un petit arbuste aux longues tiges assez rectilignes, aux feuilles ovales, en forme d‘amande. D’où son nom, de même que les amygdales, qui elles aussi ont la forme d’une amande ! Les fleurs de l’amélanquié ont cinq pétales très blancs, plus longs que larges. Les tiges fleuries sont très décoratves au printemps. Le fruit ‘l’amélanqué) de petite taille est rond et noir. Quand il est bien mûr en septembre, il est sucré et très agréable.

L’afatoulié : C’est un prunier sauvage, que l’on trouve en grand nombre au bord des prés ou sur les « ribes ». Il donne les « afatous » (on dit un afatou), prunes jaunes très tentantes mais malheureusement acides quand elles sont vertes, farineuses et surtout véreuses quand elles sont mûres ! Bien meilleures sont les petites prunes rouges, à chair jaune, que l’on trouve encore dans quelques jardins (lous ouorts) de Beuil.

L’avelanié : C’est le noisetier. Les fruits sont lous avelanos. Les écureuils se chargent de la cueillette.

L’acumanié : C’est le nom beuillois du framboisier. Les fruits sont lous acumans. ; Ailleurs dans le midi, les framboises s’appellent aussi cabrolo ou chabrolo. Là, ce sont les chèvres qui apparemment se chargent de la cueillette !

L’agrémoulié : C’est une sorte de groseillier à maquereau sauvage. C’est un petit buisson épineux (le mot agreù désigne en général un arbuste épineux, ici le houx, là le prunellier…) aux feuilles dentelées semblables, en plus petit, à celles du groseillier. Les fruits sont lous agremous, verdâtres, veinés, velus. Ils n’excèdent pas un centimètre de diamètre. Quand ils sont bien mûrs, contrairement aux groseilles, ils ne sont pas acides mais sucrés.

Eglise Saint Jean Baptiste 

Nom usuel : Eglise Notre Dame du Rosaire
Localisation : village
Construction en 1687, modifications à la fin du XVIIIème, restauration 1999.img4ccafadcbe11b Initialement construite comme chapelle du rosaire en 1687, l’édifice est

devenu paroissial après qu’un incendie ait détruit en 1794 l’église St Jean Baptiste, paroissiale qui jouxtait le cimetière en contrebas du village à la Condamine.
Si le clocher est un bel exemple de prolongement du modèle roman « lombard » à la fin du XVIIème siècle, la façade a été fortement remaniée au début de la seconde moitié du XXème siècle. Une restauration générale de l’édifice a commencé en 1989 et s’est terminée par une inauguration épiscopale le 25 juillet 1999.

 

 

 

Chapelle des Pénitents Blancs

Construction en 1630
Localisation : village
Cette chapelle, construite en 1630 sur l’emplacement d’une précédente, fut le siège de la Confrérie du Gonfalon et de la Miséricorde, Pénitents Blancs également voués à la Sainte Croix.
En 1808, la confrérie déclarait 149 membres (84 frères et 65 sœurs). Disparue avant la Grande Guerre, sa chapelle abandonnée servit de dépôt municipal et se dégrada.
Des campagnes de restauration consistèrent à partir de 1980, à la mettre hors d’eau et à restaurer toitures et façades. La façade est entièrement ornée d’un décor pseudo-baroque en trompe l’œil réalisée par Guy Ceppa en 1984.

 

 

Chapelle Sainte Anne

Construction : deuxième moitié du XVIIème siècle
Localisation : Les Launes
La toiture en bardeaux est dominé par un clocheton maçonné très élancé. A l’intérieur un petit retable en bois sculpté polychrome (bleu, or et blanc) encadre la niche centrale. A l’extérieur, seule la façade est enduite, badigeonnée de blanc et ornée d’un cadran solaire. L’ensemble de l’édifice a fait l’objet de campagnes de restauration au cours de la décennie 1990.

 

 

 

 

Chapelle Saint Jean-Baptiste

Cette chapelle résulte d’une reconstruction dans le deuxième tiers du XIXème siècle.
Localisation : Plateau Saint Jeanimg4cc1bcd1c3aec
Dite aussi Saint jean du désert, faisant l’objet d’un pèlerinage fin juin, au cours duquel, autrefois, on bénissait les troupeaux, la chapelle est au centre d’un ancien habitat, dont subsistent quelques traces, qui pourrait être le site pré féodal de Beuil. Elle a été restaurée au cours des années 1990. Des messes sont célébrées en hiver avec accès en raquettes et en juin pour la fête patronale de la Saint Jean.

 

 

Chapelle Saint Giniès

Localisation : Hameau du Ciriei
L’emplacement de l’édifice fut celui d’un prieuré dépendant de l’abbaye Saint Dalmas de Pedona (Piémont) ce qu’une liste abbatiale de 1246 confirme. La chapelle actuelle, datée de 1700 sur son linteau, est adossée à une butte qui peu avoir porté une fortification médiévale. Au revers de la façade une inscription atteste d’une restauration en 1851, une autre en 1927 est indiquée sur le mur latéral ouest. Enfin, les habitants du hameau aidés par la commune ont financé une dernière restauration en 1994-95. Une messe annuelle est célébrée fin août.

 

 

 

Chapelle Saint Pierre

Localisation : quartier Saint Pierre
La chapelle Saint Pierre est située à l’extrémité d’un long éperon, près d’un col où passe un chemin muletier qui descendait de Beuil vers le littoral en évitant par le haut les gorges du Cians. Un château a été dressé sur la pointe de l’éperon au Moyen Age, il en subsiste plusieurs traces, dont un pan de mur réutilisé lorsque la chapelle a été construite, vers le XVIème siècle. Il est difficile de dire si elle succède alors à un autre lieu de culte, d’origine médiévale. Une messe est célébrée début juillet.

 

Ancienne chapelle Saint Bastien ou San Bastian

Privatisée et transformée au XIXème siècle.

 

Les six oratoires

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Saint Joseph
(Le Serre)

 

 

 

Sainte Anne
(Beuil)

 

 

 

 

 

Notre Dame des Champs
(Route des Launes)

 

 

 

 

Notre Dame de Lourdes
(Les Launes)

 

 

 

 

Saint Antoine de Padoue
(Liberture)

 

 

 

 

Saint Joseph
(Giarons)

 

 

 

 

 

Poèmes

img4c6e92c8b8517L’enfant de Beuil 
Une carte postale
Aimée du monde entier
C’est Beuil qui s’étale
Au pied du Mont MounierPerché sur ton piton
Depuis des siècles écoulés
Tu protèges le Touron,
Saint Pierre et le CirieiTes étroites ruelles
Tes mélèzes géants
Tout ceci me rappelle
Quand j’étais tout enfantMon humble chaumière
De son toit ondulé,
Ma première lumière
A Beuil je suis néMa folle jeunesse
Partie vers d’autres horizons,
Pour pardonner ma faiblesse
A toi cette chanson La route de l’exil
Et les gorges du Cians,
Aujourd’hui père tranquille
Me ramènent content

Quelques lacets de pierres
Comme un chemin de croix,
Au pied de ton calvaire
Je retrouve ma foi
Les cloches de l’église,
Marie-Virginie, Maria, Francisca-Rosina,
De près veulent me dire à haute voix :
« Les couleurs de l’automne,
La neige de janvier,
Une parure de Madone
Semble te protéger
Quatre notes de musique
La – Si – Ré – Fa
Me susurre Jean-Baptiste,
« Elle sonnent pour toi ».
Moi ! L’enfant de Beuil
Je ne suis heureux qu’ici !
Une larme à mon œil
Je rêve et je revisBeuil de mon enfance
Et de mes souvenirs !
Toi ! Ma seule espérance,
Pour toi ! « Vivre et mourir » .Pierre Poli

Pauvre cabane abandonnéeimg4ccafc706107d
Où donc ont fui toutes ces années
Qui, d’une maison habitée
Ont fait de toi cette cabane abandonnée ?Qui se souvient encore
Des cultures alentour et des blés d’or
De ces paysans opiniâtres
Qui remplissaient les granges de foin
Puis se reposaient, au coin de l’âtre ?Pierre par pierre, planche par planche
Ils ont construit
Ce que d’autres aujourd’hui ont détruit

Car le temps seul n’est pas en cause
De ces dégradations
Amis qui passez
Faites une halte, imaginez
La vie d’autrefois vous regarde
Et de ce qu’il en reste
Nos ancêtres vous confient la garde
Soyez en dignesConcentrez-vous, fermez les yeux
Et vous repartirez
Plus riches d’un bien inestimable
La paix qui règne en ces lieux.Michelle Dutertre

img4c6e9291d8cadA Toi… Beuil

Toi, village de mon enfance,
Visage de mon insouciance…
Toi qui as su perpétuer
Aux enfants de tes enfants
Le son de la vérité,
Le goût de la liberté,
Au nom de tes aïeux !
Ne ferme pas tes fenêtres !
Anime tes ruelles !

Les murs de tes maisons
Résonnent de paroles
Bonheur ! à celui qui sait écouter !
Car pour se sentir aimer
Il y reviendra encore !

Les montagnes qui t’entourent
Ont un air de protection
Elles te vénèrent avec amour !
Car la ronde des saisons
Ne s’arrête jamais
De te les faire admirer.

Toi, village de mon enfance
Visage de mon insouciance,
Ton clocher majestueux
Qui nous conte les heures
S’élève comme un « I »
Entre le Mont Mounier
Et la Condamine.Toi, village de mon enfance,
Souvenir de mon enfance !
N’oublie jamais…
Que pour exister
Tu as besoin instamment
Comme du soleil qui t’éclaire,
Comme du vent qui te caresse,
Du rire d’un enfant !Toi, village de mon enfance,
Image de l’insouciance,
Ne te laisse pas oublier !
Ouvre tes fenêtres !
Anime tes ruelles…
Prends un air de fête !
Et surtout garde ta fierté !Anne-Marie Poésy

Beuil

Beuil, sur la colline domine la vallée
Tout inondé du joli soleil bleu azur
Toujours entouré des anciens champs de blé
Cache son histoire en ses forts et vieux murs

Un vrai bijou dans un bel écrin de beauté
Montagnes et forêts le gardent fièrement
Marmottes et chamois, hiver comme été
Veillent sur lui sous le doux or du firmamen

En haut des gorges qui le cachent en secret
Sous le Mont Mounier qui se dresse fièrement
Dans les alpages verdoyants et nourriciers
Beuil, a jadis envoûté mon âme d'enfant

Frédéric Silvestre